Extrait d'entretien avec Sabine Steffan
- A.Axaire : Vous déclarez être adepte des « nouvelles pédagogies », pensez vous qu’il soit possible et efficace de les instaurer et de les exploiter au Maroc au seul bénéfice des enfants ?Sabine Steffan : Mettre au service de la transmission des savoirs une méthodologie efficace n’est pas une simple affaire, cependant, passé le cap des premiers barrages culturels, sociaux, éducationnels, nous pouvons dégager quelques grands principes qui sont généralement ceux des pédagogies nouvelles.
Le premier constat est qu’on ne peut pas, on ne doit pas, proposer à un enfant marocain des programmes tellement ancrés dans la civilisation européenne que cela en devient ridicule et la didacticienne que je suis, voit rouge lorsque je lis sur des livres d’étude des sujets tellement déconnectés des réalités quotidiennes des enfants. Enfin, pour qu’une « pédagogie nouvelle » fonctionne, il est indispensable qu’elle soit concrètement ancrée dans le quotidien de l’enfant.
Et il est tout aussi indispensable qu’elle soit quotidiennement renouvelée, remise à jour, reformulée.
Je suis une « Montessorienne » confirmée et cependant prétendre appliquer à la lettre, ici au Maroc, tous les principes de Maria Montessori n’est qu’une démarche de communication vaine, qui n’a pas de fondement pratique, sinon d’avoir en photo, une classe qui ressemble à la photo d’une « classe canadienne ou suédoise modèle ».
Pour répondre clairement à la question posée « comment ? », je dirai tout d’abord, communiquer, informer et rassurer des parents qui sont suffisamment perturbés par la médiocrité et l’inefficacité des méthodes émanant des pouvoirs publics, ensuite, j’affirmerai sans risque de me fourvoyer, qu’il nous sera très rapidement indispensable de former des maîtres et des enseignants qui sachent comprendre, écouter et mettre en pratique ces méthodes nouvelles.